Sam Peckinpah : le rebelle mélancolique

« Faire des films C'est tout. Rien d'autre ne compte. »

Marginal, réfractaire à l'idéologie hollywoodienne, Sam Peckinpah est un de ces francs-tireurs qui ont élargi et façonné l'histoire du cinéma, mais avec lesquels l'industrie cinématographique n'a jamais su composer.

S'inscrivant dans une tradition de dissidence et de revendication contre l'injustice et les mythes mensongers qui ont forgé la civilisation américaine, son oeuvre est aussi fermement ancrée dans la réalité culturelle, historique, sociale et politique des années 1960 et 1970. De La Horde sauvage à Guet-apens, des Chiens de paille au Convoi, son cinéma célèbre, avec une ironie féroce, une sombre dérision et un romantisme désespéré, la violence du monde et la complexité de l'âme humaine. Il influencera nombre de cinéastes, au premier rang desquels Martin Scorsese, Michael Cimino, Kathryn Bigelow, John Woo et Quentin Tarantino.

Dans cette biographie monumentale et définitive, Gérard Camy n'oublie rien de la jeunesse du cinéaste dans un Ouest fantasmé, de ses premières armes comme metteur en scène de théâtre, ni de son éclosion lumineuse à la télévision à la fin des années 1950. Détaillant la fabrication mouvementée et obsessionnelle de ses quatorze films, il décrit aussi une vie chaotique, minée par l'alcool et la drogue, ponctuée de films sublimés ou massacrés, de projets jamais réalisés, d'oeuvres mémorables et d'échecs sauvages, de relations fracassées et d'amitiés incandescentes, que sa mort prématurée, à 59 ans, interrompra brutalement en 1984. L'oeuvre, elle, demeure, magistrale.