Notre besoin de consolation est insatiable : et seize autres textes

« Si je devais vous dire ce dont je rêve, comme la plupart de mes semblables, malgré mon impuissance, je dirais ceci : je souhaite que le plus grand nombre de gens possible comprenne qu'il est de leur devoir de se soustraire à l'emprise de ces Églises, de ces États, de ces organisations afin de réduire le potentiel d'anéantissement dont dispose le pouvoir en ce monde. C'est peut-être la seule chance qu'ait chacun d'entre nous de pouvoir un jour se conduire comme un humain parmi les humains, de pouvoir redevenir la joie et l'ami de ses semblables. »

Il n'est pas rare qu'un seul titre représente toute l'oeuvre d'un auteur entré dans le patrimoine de la littérature mondiale. Il est plus singulier que ce titre soit, comme en France, celui d'un livret d'une demi-douzaine de pages publié en 1981. « Notre besoin de consolation... » n'est pourtant qu'un court texte au milieu d'une production riche et foisonnante, qui compte quatre romans, quatre pièces de théâtre, plusieurs recueils de nouvelles, d'essais et, notamment, les 1 350 billets politiques et poétiques que Dagerman a donnés à la presse anarcho-syndicaliste suédoise de 1941 à novembre 1954. Date à laquelle il a mis fin à ses jours, à l'âge de 31 ans, après avoir posté son dernier billet, qui se conclut ainsi : « Et pour faire épargner un sou à la commune : abattre les pauvres ! Ce sera la prochaine mesure. »